"J'ai vingt-six ans. Y aurait-il autre chose que vous aimeriez savoir à mon sujet, mademoiselle Gunslinger ?"

Elle n'eut pas le temps de répondre négativement ou affirmativement, à vrai dire, à peine se mit-elle à s'interroger à ce sujet que déja une autre question arrivait.

"Mais peut-être préfèreriez-vous que nous cherchions de quoi vous sustenter ?"

Il est vrai que cela devenait pressant, elle devait faire des efforts sur elle même pour paraitre stoïque, mais elle se rappela aussi qu'elle n'était pas venue seule en ces lieux... Fubuki devait l'attendre quelque part.

" Heum... Oui.. Mais d'abord je dois retrouver une amie... Elle est arrivée ici avec moi. Elle est... Quelque part... "

Elle jeta un bref regard vers la fenêtre par laquelle Fubuki avait sauté plus tôt, avant de revenir sur Henry, elle se demandait comment il allait réagir à cela, apprendre qu'il y a une personne de plus en ces lieux... D'ailleurs plus le temps passait, plus les chances qu'elle soit partie ailleurs augmentaient...

Saki traversa à pas vifs le couloir du second étage, sourcils froncés et lèvres pincées. Elle était en colère. Très en colère... Cette fois il ne lui échapperais pas ! Gilles ... Il n'y avait que lui qui pouvait être aussi stupide ! La jeune fille avait retrouvé caché derrière une commode, les débris de son précieux miroir, seul souvenir de sa richissime famille. Comment avait-elle percé l'identité du coupable ? Un mot était joint près des éclats de verre :
La vampire se mordit rageusement les lèvres. Si je le trouve, je prendrais un macabre plaisir à le transformer en charpie !
Ouvrant plusieurs portes à la volée, elle se mit à crier :

-GILLES !! Où es tu espèce de...

Sa voix s'arrêta soudainement quand elle passa devant le foyer; deux personnes qui lui étaient inconnues semblaient avoir été interrompues dans une conversation plutôt sérieuse... La demoiselle s'arrêta à la porte, quelque peu intimidée.

-Oh, excusez moi ... Vous n'auriez pas vu ... commença t-elle à demander à l'adresse des deux personnes.

Sa voix se stoppa de nouveau. Quel manque de tact ! Elle en oubliait même les modalités.

-Heu, enchanté... Je m’appelle Saki Himaky. Vous devez être ... Elle pencha délicatement la tête sur le côté. Non, ils n'avaient pas l'allure des nouveaux arrivants... Quoique, tout le monde était "bizarre" ici... de nouveaux pensionnaires ?

Ses yeux gris se posèrent d'abord sur la jeune femme aux longs cheveux noirs se terminant par des pointes rouges. Tiens ? Elle est vêtue de façon étrange... Elle regarda rapidement les habits qu'elle même portait aujourd'hui : sa longue robe de mousseline mauve, style XIX°. Oublions ça ... Son regard passa ensuite à l'homme aux cheveux d'une curieuse couleur. La vampire le détailla plus que la jeune femme qui se tenait à ses côtés. Il l'intriguait ...

Il marqua une pause, désarmé par cette avalanche de détails incroyablement fournis.
La pensée précédente était bien entendu ironique. Henry risqua une œillade par-dessus l'épaule de la jeune femme, examinant la pièce du regard. La pièce était vide, à se demander si Gunslinger n'était pas sujette à un trouble de la dissociation.

"Ah, une amie, je vois... Vous ignorez donc où elle se trouve, si je comprends bien."

Il était un peu sceptique, et - dans une certaine mesure - inquiet. Une autre personne impliquait des conflits possibles, soit des risques supplémentaires, d'être repéré, par exemple.

Soudain, Il se retourna en entendant un éclat de voix. Une autre voix féminine.
Décidément, ça en faisait beaucoup. Gunslinger, son amie, et cette personne. Sauf si les deux entités énoncées n'en formaient qu'une seule.

Il s'agissait d'une enfant, fort remontée, à en juger par son explosion précédente. Au moins elle semblait avoir un semblant de bonnes manières, et il paraissait évident qu'elle vivait ici.
Et qu'elle n'était pas l'amie que Gunslinger recherchait.

"Bonsoir, mademoiselle Himaki. Je suis Henry Cavendish, ravi de vous rencontrer." Il s'inclina brièvement, pour souligner ses propos. "Des pensionnaires ? Dans quel genre d'établissement nous trouvons-nous ?"

La porte s'ouvrir à la volée, et une jeune femme déboula en criant. Son sang se glaça dans ses veines alors déjà elle dégainait une de ses armes, la pointant vers l'intruse, le doigt crispé sur la gâchette, prête à faire feu à la moindre action hostile... Ne serait-ce que si elle continuait de crier. Un silence de quelques secondes suivit son entrée, elle ne voyait pas l'arme, Henry se trouvant entre elle et Gunslinger... De nouveau elle prononça des paroles dont elle oublia la teneur sitôt ces dernières entendues, avant d'enchainer sur une phrase qui l’intéressa plus...

" Heu, enchanté... Je m’appelle Saki Himaky. Vous devez être ... de nouveaux pensionnaires ? "

Déja Henry lui répondait, comme si de rien était...

"Bonsoir, mademoiselle Himaki. Je suis Henry Cavendish, ravi de vous rencontrer. Des pensionnaires ? Dans quel genre d'établissement nous trouvons-nous ?"

Le tout ponctué d'une courbette dont elle ne compris pas la raison. Néanmoins les questions de l'homme reflétaient fort bien ses propres interrogation, c'est pourquoi elle se tut, laissant celui qui semblait maitriser le rudiment de la conversation - entre gens normaux - faire tout le travail.
Histoire de ne pas devoir faire passer une balle au travers de Henry pour atteindre sa cible, ce qui serait dommage car il semblait plutôt gentil, elle fit un pas de côté, afin de détailler leur interlocutrice, non sans baisser son arme, toujours sur ses gardes...

-Bonsoir, mademoiselle Himaki. Je suis Henry Cavendish, ravi de vous rencontrer. Des pensionnaires ? Dans quel genre d'établissement nous trouvons-nous ?

"Mademoiselle Himaky".... ça faisait longtemps qu'on ne s'était adressé à elle de cette façon. Depuis 1864 précisément... Saki resta perplexe devant la question qu'on lui posait. N'étaient-ils pas au courant qu'il se trouvaient dans un pensionnat ? Un peu spécial, mais ça reste toujours un pensionnat ... C'est bien ce qu'elle pensait, ils n'étaient pas venu ici pour la même raison que tout les autres professeurs et élèves. La jeune fille entendit un léger bruissement, venant de derrière Henry. Soudain, la jeune femme qui l'accompagnait fit un pas de côté et Saki put voir ce qu'elle pointait sur elle. Un pistolet. La vampire le contempla, sans grand effrois. A vrai dire, ce genre d'armes ne lui occasionnait pas beaucoup de dégâts. A moins que les balles étaient faites de bois ... Dans ce cas là, je serais en très mauvaise posture... Elle leva les yeux du pistolet pour les planter dans ceux de la jeune femme. Celle ci détaillait la vampire, l'air méfiant. De toute évidence, elle n'avait pas découvert son identité. Saki n'aimait pas utiliser la violence (du moins quand elle n'était pas prise d'une de ses crises de folie) mais elle le ferait si elle devait se défendre.

-Vous savez, vous pouvez rengainez votre arme. Je crois qu'elle ne vous sera pas très utile ... dit elle doucement à celle dont elle ignorait le nom. Oui, nous nous trouvons dans un pensionnat ici. Enfin, un pensionnat pour les personnes spéciales si on peu le dire de cette façon ... Peu de gens sont aptes à le voir, leur expliqua t-elle. Je suis d'ailleurs étudiante ici.

Le simple terme d"étudiante" n'était pas tout à fait approprié, mais elle ne pouvait pas se permettre dans dire plus.

Le moins que l'on pouvait dire, c'est qu'Henry était bien entouré. Coincé entre deux individus de sexe féminin, c'était enviable. L'une des deux personnes était encore un enfant, ça faisait un premier point négatif, deux, même, si on ajoutait sa bizarrerie inhérente : c'était typiquement le genre de petite fille qu'on retrouve dans un film d'épouvante. Quant à la jeune femme, si séduisante qu'elle fut, semblait avoir l'habitude de parler avec ses pistolets, ce qui faisait indéniablement un troisième point négatif.
Cela aurait certes pu être pire, mais la situation actuelle était déjà pour le moins inhabituelle.

L'homme écoutait avec attention les propos de l'enfant, tentant d'ignorer la présence d'une femme armée très nerveuse dans son dos. Et cela, même pour lui, n'était pas si simple.

"Un pensionnat... pour personnes spéciales, dites-vous ?", demanda-t-il. Une technique de relance classique, mais toujours efficace. Ce terme de spécial l'intriguait profondément. En temps normal, il aurait pris ça comme un euphémisme désignant des personnes en situation de handicap, mais il semblait évident que ce n'était pas le cas. Il se demanda un instant si ce n'était pas une secte, ou un groupe de cannibales, ce qui aurait fait ton sur ton.

De toutes évidence, il devait attendre les réponses de la fillette, ayant trop peu d'éléments en main pour se livrer à une déduction correcte.

-Un pensionnat... pour personnes spéciales, dites-vous ?

Saki haussa un sourcil. Ne comprenaient ils vraiment pas de quoi elle voulait parler ? Ce pensionnat était invisible pour les "non-humains"... Enfin il existait bien quelques exceptions. La vampire ne voyait que deux hypothèses : soit ils mentaient ou soit ils faisaient eux aussi partit de ces "exceptions"...
Elle les regarda d'un air intrigué.

-Oui, presque tous les élèves et professeurs de cet endroit ne sont pas humains... Mais il y a aussi des cas rares. Certains humains arrivent à voir le pensionnat.

La jeune fille les dévisagea tour à tour. Qui étaient ils ? Une vague lueur de terreur traversa ses yeux. S'ils étaient des humains ordinaires et qu'ils apprenaient que des personnes différentes d'eux vivaient dans cet endroit, il y aurait des chance que l'histoire se répète. Saki sentit alors tous ses membres se tendre. Au moindre geste suspect de leur part, elle n'hésiterait pas à prendre quelques libertés... La jeune fille essaya de contenir les tremblements qui secouaient ses mains.

-Que... Que faites-vous ici ? Vous n'êtes pas venu car vous aviez entendu parler du pensionnat j'imagine...

Soudain, une odeur âpre se fit sentir. La jeune fille regarda autours d'elle. C'était très léger, mais elle pouvait le sentir. Son regard se posa alors sur l'arme que la jeune femme avait pointé vers le sol; une discrète fumée s'en dégageait. Saki plissa les yeux. Que comptait elle faire avec ça ? Lui tirer dessus ? Bien que la vampire ne craignait les armes à feu, celle ci lui semblait particulièrement dangereuse... Mieux vaut me méfier d'eux...

Alors que Henry fit un pas et s’accroupit devant la demoiselle, celle ci fit recula timidement et l'écouta. Essayait-il de la rassurer ? La jeune fille le regarda droit dans les yeux à la recherche d'un quelconque piège. Pourquoi lui posait il toutes ces questions ? Sans le quitter du regard, Saki parla doucement.

-Ce que j'entends par là ? Toutes les créatures qui sont autres que les humains ... Les démons, vampires et cyborgs par exemple ...

Quel allait être sa réaction ? Serait il surpris ou bien encore terrorisé ? Non... Il ne semblait pas être le genre de personne à réagir de cette façon, elle en était sûre. La vampire se mit à fixer le sol, en attente d'une réponse.
Depuis le début, ce n'était que Henry qui parlait et posait les questions. La jeune femme, elle, n'avait pas décroché un seul mot... D'ailleurs comme si elle était lasse de rester debout à ne rien faire, elle alla s'installer dans un des fauteuil du foyer. La vampire risqua un oeil vers elle et remarqua qu'elle n'avait toujours pas rengainé son arme. Était-ce là une preuve qu'elle se méfiait de Saki ? Pourtant, il n'y avait aucuns risques. La demoiselle ne mordait pas. Enfin ... Sauf si on la cherchait.

La réponse de Henry énerva la jeune fille. Cela existait, elle en était la preuve même. Enfin, pour un humain s'était sûrement difficile à croire. Autrefois Saki ni croyait pas non plus... Peut être voulait il une preuve ? Elle pouvait faire cela en un fragment de seconde. Mais la demoiselle n'était pas d'humeur et n'avait nul envie d'en finir avec des personnes qui venaient à peine d'arriver au pensionnat, son pensionnat...
Alors que la vampire s’apprêtait à répliquer, la jeune femme lui demanda soudainement d'un ton froid :

-Et vous, vous êtes humaine ?

Saki redoutait quelque peu cette question. Si elle répondait par la négative et révélait son identité que se passerait il ? Saki savait pertinemment qu'on ne voyait pas les vampires d'un bon oeil... Ou, ils pourraient certainement la prendre pour une idiote, surtout Henry. Pourtant, la question semblait avoir était formulé avec beaucoup de sérieux.

-Non, je ne suis pas humaine... enfin, plus... dit elle doucement en reculant d'un pas.

La demoiselle avait l'impression que la situation ne tournerait pas à son avantage. Elle regarda la jeune femme en attendant sa réaction. Si jamais elle tentait quoi que se soit contre la vampire, celle ci se défendrait.

Toutes ces questions commençaient à énerver Saki. Pourquoi prêter autant d'attention à son cas alors que l'établissement renfermait exclusivement des gens comme elle ? La demoiselle n'était plus humaine et cela devait sans doute en être de même pour une grande majorité des pensionnaires.
Les regards étaient fixés sur elle, attendant sa réponse. La jeune fille soupira. Tant de questions pour si peu de choses...

-En effet. Je suis un vampire, lâcha t-elle d'un ton neutre.

Saki n'avait pas à être gênée. Elle était ici chez elle. Dans cet endroit, la vampire n'était rien d'autre qu'une élève banale parmi tant d'autres. Oui, au pensionnat, presque tout le monde était "surnaturel". Et si ces deux personnes voulaient rester ici, elles allaient devoir s'y habituer.
La demoiselle alla s'adosser contre un mur et regarda ses deux interlocuteurs. Plus aucunes traces de peur ou de timidité n'apparaissaient sur son visage. Plus rien. La vampire avait pris un regard inexpressif, vide.

Lorsque Saki sentit les canons des deux armes pointés sur elle, la jeune fille fût prise d'une folle envie de rire, bien qu'elle était légèrement irritée... D'après ce qu'elle pouvait voir et entendre, Henry était contre le fait que les vampires existaient. Dans ses souvenirs, la société humaine ne croyait et ne voulait pas croire à l'existence du paranormal. Il ne fallait que du rationnel.

-Je ne vous ai jamais obligé à me croire, vous êtes libre de penser ce que vous voulez... dit elle à l'adresse de Henry, un léger sourire aux lèvres.

En son fort intérieur, la vampire bouillonnait de colère. Cet endroit avait été construit dans le but de donner un refuge aux pensionnaires ! Pas dans le but de tous leur tirer dessus en raison qu'ils n'étaient pas comme les humains !
Son regard glissa sur le pistolet que pointait vers elle la jeune femme. Si celui de Henry ne lui faisait pas le plus peur du monde, celui-ci, en revanche, ne la mettait pas en confiance. D'ailleurs, quand elle y repensait, la jeune femme n'avait pas spécialement était étonné quand la demoiselle avait révélé son identité. Était-ce donc possible qu'elle eue déjà affaire à des vampires ? Elle planta ses yeux gris dans ceux de la jeune femme.

-Votre arme n'est pas ordinaire, je me trompe ?

Saki avait maintenant adoptée une attitude impénétrable. Elle attendait simplement une réponse.

La réponse de la jeune femme intrigua Saki. Son arme, comme elle le pensait, n'était pas "normale". Elle pencha légèrement la tête pour étudier la question. Si la jeune fille comprenait bien, ce pistolet pouvait être dangereux pour elle...
Soudain, la dernière phrase de Henry provoqua une vive impression de douleur chez la demoiselle. En disant cela, se moquait il d'elle ?! Pensait il qu'elle aimait sa situation, qu'elle acceptait avec plaisir d'être devenue ainsi ?!
La couleur de ses yeux vira soudainement au rouge sang et ses poings se crispèrent violemment. Il avait touché un point sensible chez la vampire... Saki le regarda dans les yeux, bouillonnante de colère.

-Vous croyez certainement que ça me fait plaisir d'être un monstre ?! Ou bien encore que j'ai choisis d'être comme ça ?! cria t-elle rageusement. Vous croyez peut être ... que j'en suis fière ?

L'intensité de sa voix diminua soudainement et elle baissa lentement la tête. Savait-il à quel point ça lui faisait mal de rouvrir ces vieilles blessures ? Bien qu'elle devait avoir un minimum de dix fois leur âges, Saki restait tout de même la jeune fille qu'elle avait été... Pouvait-il imaginer toutes les souffrances qu'elle avait enduré, perdue dans ce monde de ténèbres ? Pensait-il vraiment qu'elle avait voulu cette malédiction, cette existence vide de sens ? La demoiselle aurait put être motivé par une soif de vengeance et traquer sans relâche l'être qui l'avait damné... Mais malheureusement, la vampire souffrait d'amnésie et n'avait plus aucuns souvenirs de sa mort, ni de son "assassin".
Elle se mordit les lèvres. Non, elle ne s'en vantait pas...

Quelle idiote... Manquer de clairvoyance à ce point... Henry n'en revenait pas. Il avait été pourtant on ne peut plus clair, et était presque certain que Gunslinger, elle, avait parfaitement compris le message qu'il voulait transmettre.
Si sa supposition était fondée, il était là en bien fâcheuse posture.

Contre toute attente, il se releva, en baissant ses armes.

"Je ne tenais pas à vous courroucer, mademoiselle Himaky..."

Sa voix n'exprimait nulle crainte, si tant est qu'il en ressentait à cet instant. Il ne disait visiblement pas cela pour réclamer le retour au calme d'un prédateur, non... Sa phrase avait plutôt un côté inachevé.

"... Mais à vous inciter à la prudence." En achevant sa phrase, il pivota vivement vers Gunslinger, braquant ses deux armes sur elle. Il reprit aussitôt la parole.
"Mademoiselle Gunslinger, je me vois navré de vous menacer de la sorte, mais il apparaît que vous en sachiez trop. Toutefois, je détesterais devoir mettre un terme à votre existence..."