Un petit groupe composé du strict minimum constitutif d'un groupe - à savoir deux personnes - errait dans les couloirs du pensionnat, à la recherche d'une chambre libre. Ayant avisé un panneau indiquant "dortoirs", Henry et Gunslinger finirent par arriver dans le couloir adéquat.

L'homme dit à voix basse :
"Nous devrions bien trouver une chambre ici, quitte à essayer toutes les portes."

Et, en fait de porte, Henry s'approcha de celle marqué du numéro 1, et frappa succinctement trois coups.
Toc toc toc.
Il tourna rapidement la tête vers la jeune femme qui l'accompagnait, pour l'inviter à la vigilance, comme le suggérait le geste de sa main droite, qui plongeait dans sa poche intérieur, là où l'homme rangeait ses armes.
Prêt à tout, Henry attendit que la porte s'ouvre, en silence.

[ce n'était pas précisé vers qu'elle heure cela se passe, donc je me suis permis de dire qu'il faisait nuit. S'il y a un problème à ce niveau là, dites le moi et je changerais]

Cette nuit, la demoiselle n'arrivait pas à trouver le sommeil. Tant de choses la tourmentaient, tant de questions... Dans son lit, elle se tourna sur le côté, incapable de rester en place. D'un coup d'oeil, Saki regarda les lits voisins.Wellan ne dormait pas ici, à vrai dire il ne rentrait pas souvent pour dormir ces temps ci. La jeune fille s'en inquiétait quelque peu même... Elle secoua brièvement la tête. Je ne suis pas sa mère tout de même ! Son regard glissa jusqu'au deuxième lit, occupé par sa nouvelle colocataire. Avec un peu de chance, celle ci ne dormait pas non plus, et elles pourraient peut être discuter un peu, faire "plus ample connaissance". La vampire laissa échapper un soupir. Il ne fallait pas trop compter là dessus... Et puis, quel sujet aborder ? "Tu te plais au pensionnat ?" ou bien encore "Tu aimes bien les cours, les autres sont sympas avec toi ?"... Non vraiment, ça n'allait pas du tout... Saki ferma les yeux, dépitée. Je m'ennuie...
Soudain, la jeune fille dressa l'oreille. Il lui avait semblé entendre des bruits étouffés. Elle arrêta sa respiration quelques secondes, tous ses sens en alerte. Qui donc se promenait dans le pensionnat à une heure aussi tardive ? Le couvre feu était déjà passé... Elle se leva lentement, s'en faire de bruit, de peur de réveiller sa colocataire. Alors qu'elle se dirigeait vers la porte, trois petits coups se firent entendre. Elle se stoppa net, interloquée. Qui est ce qui viens nous déranger ? On est au beau milieu de la nuit quand même !
Saki ouvrit nonchalamment la porte, exaspérée. Elle s’apprêtait à dire deux mots au visiteur quand elle aperçut de qui il s'agissait. En face d'elle se tenait Henry Cavendish et la jeune femme qu'elle avait croisé dans le foyer. La vampire ouvrit la bouche, mais aucuns mots n'en sortit. Elle respira un grand coup, puis demanda d'une voix calme et maîtrisée :

-Bonsoir. Puis-je savoir la raison de votre visite, s'il vous plaît ?

Elle les regarda tour à tour, sur ses gardes. Qui savait ce qu'il pouvait arriver...

Dès qu'Henry aperçut la vampire, il sortit la main de sa veste. Saki esquissa un sourire, dans ce pensionnat il n'était guère la peine de prendre autant de précautions... La jeune fille écouta sa requête, en restant toujours sur ses gardes. Ces deux personnes ne lui inspiraient pas confiance.

-Une chambre, dites-vous ? Il y a bien la n°6, mais ... je crois que celle-ci est occupée par quelqu'un, leur annonça t-elle. Il y a normalement trois lits par chambre donc cela devrait aller.

Elle jeta un regard vers ses interlocuteurs. Le hasard faisait bien les choses, trop bien même... Dans l'établissement, elle était la seule personne qui disposait de toutes les clefs du pensionnat.
La demoiselle rentra dans sa chambre, et fouilla dans un tiroir. Après quelques secondes, elle en ressortit une vieille clef, légèrement rouillée. Elle regagna le couloir, faisait face à Henry et la jeune femme.

-Voici la clef, mais peut être que vous préférez être seuls ... dit elle en la leur montrant, prise entre le pouce et l'index.

Saki s'adossa contre le mur, silencieuse, attendant leur réponse.

L'homme prit le temps de réfléchir. Il convenait de ne pas dire n'importe quoi, et d'évaluer ce que pouvait offrir le choix d'une chambre seule ou partiellement occupée.
Une seconde s'écoula ainsi, puis deux. Trois, tout au plus. Difficile de juger, à vrai dire... En tout cas, le temps employé par Henry à sa réflexion fut visiblement trop long au goût de son accompagnatrice, qui s'emparait déjà de la clef.
Il posa sa main sur son avant bras, sans brusquerie, ni force.

"Attendons un instant, et n'hésitez pas, mademoiselle Gunslinger, à m'interrompre si je m'avance un peu trop, mais je pense, sans vouloir vous vexer, mademoiselle Himaky, qu'une chambre actuellement inoccupée ferait très bien nos affaires. "

Il libéra alors le bras de la jeune femme, et reprit, en s'adressant à Saki : "Nous ne connaissons pas l'occupant - ou l'occupante - de la chambre dont voici la clef, et je m'en voudrais fortement de lui imposer ma présence si elle lui paraissait dérangeante. Je pense ma démarche raisonnable et compréhensible, et espère ne pas me tromper."

La jeune femme regarda quelques instants Saki. Elle devait sans doute se poser des questions à son sujet ...
Alors que la vampire leur présentait la clé, la jeune femme la prit avec prudence. Mais aussitôt, Henry l'arrêta. Visiblement, il n'était pas du même avis. La vampire l'écouta une nouvelle fois en silence.
Dès qu'il eut fini de parler la jeune fille leva les yeux vers lui. Donc, si elle avait bien compris, il désirait occuper une chambre libre pour ne pas avoir à "s'imposer". Soit. Après tout le pensionnat disposait d'une bonne centaine de chambres. Une occupée de plus ou une de moins, cela ne changeait pas grand chose .

-Comme vous voudrez, dit elle calmement.

La demoiselle retourna dans sa chambre et ressortit du même tiroir une autre clé, celle ci plus petite et en meilleur état que la première.
Elle la tendit en direction de Henry, attendant qu'il la prenne.

-Si celle-ci vous convient mieux, puis-je vous demander de me rendre l'autre ? demanda t-elle à la jeune femme.

La vampire était décidément une bien étrange personne... Elle révélait sa nature à qui voulait l'entendre, et manquait un peu de conversation. Au moins se montrait-elle polie et serviable, tout n'était pas si noir en elle.
Lorsqu'elle tourna les talons, Henry vit le visage de Gunslinger se détourner de lui. D'un naturel observateur, il n'avait pourtant pas fait attention lorsqu'elle l'avait précédemment tourné dans sa direction. Il n'appréciait vraiment pas ce genre inattention de sa propre part, et s'en blâma mentalement.
De telles erreurs d'appréciation peuvent parfois coûter la vie.

Puis, Saki revient, munie d'une nouvelle clef. Et Gunslinger lui envoya la clef précédente, non sans une certaine délicatesse dans le mouvement.
Imperturbable, l'homme reprit la parole :

"Mademoiselle Himaky, nous vous remercions pour avoir mis à disposition un peu d'espace pour nous. Nous tâcherons de nous faire discrets pour ne pas perturber le sommeil des autres personnes présentes ici."

Si tant est qu'il y en ait, ajouta-t-il mentalement, avant de prendre délicatement la clef qu'on lui offrait.

La jeune femme soupira et lança la clé en direction de la vampire, celle-ci l'attrapa sans difficultés. Henry la remercie puis lui prit délicatement la clé.
Saki étouffa un bâillement. Malgré le fait que ces semblables vivaient la nuit, elle ne menait pas une existence nocturne. Pas tout à fait...

-Bon... Si cela ne vous dérange pas, j'aimerai prendre congé... s'excusa t-elle.

La demoiselle fit quelques pas et s'arrêta devant la porte. Elle posa sa main sur la poignée et l'enclencha doucement, de peur de réveiller sa colocataire.
Elle se retourna une dernière fois vers eux et leur dit :

-Si, à l'avenir, vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à m’appeler. Je ... Je crois que je suis l'une des élève qui connaît le mieux le pensionnat.

Puis, elle accompagna sa dernière phrase d'un sourire qui se voulait sincère.