Vivi. Alors on s'y met de suite, hein, parce que sinon on ne sera jamais à la fin (mais qu'est-ce que je raconte, moi ?)
Hum, hum. Donc, Aoki a été fabriquée dans un endroit des plus banals. Chez quelqu'un. Quelqu'un qui s'appelait Yuu. Yuu était un jeune garçon. Il était féru de mécanique et surdoué... parmi les surdoués.
Sa mère tenait un magasin de poupées. Et Yuu, lui, son rêve était de créer un robot/cyborg à intelligence artificielle développée. Qui serait capable de tenir une conversation et de réaliser tout un tas de trucs.
Alors, il s'est mis à la tâche. Il a même emprunté des objets à sa mère pour le fabriquer.
Mais il n'avait pas assez de matériel pour faire un robot en taille réelle. Alors, aussi difficile que ça pouvait être, il en a fait un minuscule. Tout petit. bref.
Il avait pensé à plein de détails comme l’ignifuger et le rendre waterproof.
Mais rien ne marchait. Et puis, un jour, il a trouvé quelque chose d'étrange par terre. C'était comme une bille. Une toute petite bille. Mais il n'avait aucune idée de sa provenance. Il se rendit vite compte que la soi-disant bille n'en était pas une.
Elle n'avait rien de banal. Yuu se mit même à penser qu'elle pouvait venir de l'espace, ou un truc dans le genre.
Alors, il l'a mise dans son golem (ou plutôt son robot-qui-ne-marchait-pas). Et il se produit un truc tout à fait étrange qui dépassa ses espérances.
Lorsqu'il alluma la poupée, elle se mit à fonctionner. Ou plutôt, elle se mit tellement à craquer de partout que Yuu crut un instant que la bille l'avait complètement cassée. Mais ensuite, elle s'éveilla. Et tout se mit en marche.
Aiko avait la capacité de mémoriser instantanément les choses, que ce soit ce qu'elle voyait ou ce qu'elle touchait ou entendait, même si elle n'avait pas d'"oreilles" à proprement parler.
Au début, elle ne parlait pas. Mais à force d'écouter Yuu parler, ainsi que tous ceux qui l'entouraient, vu qu'elle restait toujours soigneusement dans la poche de sa veste, elle finit par bien comprendre et bien parler le japonais. L'androïde apprenait tout à une vitesse éclair, et Yuu était ravi car Aoki était comme une vraie personne, capable d'avoir sa propre opinion et son propre chemin de réflexion.
Yuu se rendit compte qu'Aoki avait aussi des préférences. Il s'en rendit compte lorsqu'elle se planta devant une pierre de lapis lazuli qui était exposée sur le meuble du salon.
"Tu en veux une?" lui avait demandé Yuu. Et c'est comme ça qu'elle s'est retrouvée avec son serre-tête serti d'une lapis lazuli.
Aoki apprit à lire, écrire, parler, s'exprimer, elle enregistrait tout ce qu'elle voyait, tout ce qu'on lui disait et tout ce qu'elle entendait quand Yuu allait étudier. Elle comprenait très vite, avait une mémoire étonnamment développée, tout ce dont on pouvait rêver ("Dis, Aoki, c'est quoi déjà le numéro de téléphone d'untel ?").
Elle était devenue sa meilleure amie, en quelque sorte, celle qui l'aidait et celle qui l'écoutait.
Elle était comme une enfant avide de savoir qui demande tout et essaye de tout comprendre. Et puis...
Et puis Yuu disparut. Un jour où il avait laissé Aoki à la maison pour partir je ne sais plus où, il n'est jamais revenu. Aoki ne comprenait pas. Elle voyait bien qu'il y avait un problème, que la mère de Yuu courait dans tous les sens, appelait au téléphone. Des gens qu'elle ne connaissait pas sont entrés dans la maison, mais elle vit grâce à leurs uniformes qu'ils étaient policiers.
Aoki regretta amèrement de ne pas être allée avec Yuu ce jour-là.
Yuu ne revint jamais.
L'androïde avait-elle des sentiments ? Je n'en suis pas sûre.
Mais je pense qu'elle était contente que Yuu l'aie fabriquée.
Peut-être qu'elle avait des sentiments. Mais elle ne les comprenais pas. Elle voulait voir Yuu, même si elle savait qu'il n'était plus là.
Elle a passé plusieurs jours à essayer de comprendre tout ça. En vain. Alors elle est sortie. Elle est sortie seule, pour une fois, par la fenêtre de la maison, et elle a fait un tour de quartier, en évitant de se faire voir. Et tous les jours, elle sortait. Tous les jours, elle voulait aller plus loin. Mais elle ne pouvait pas sortir pendant trop de temps sans recharger ses "batteries". Pourquoi est-ce qu'elle sortait ? Yuu lui avait dit une fois, que lorsque quelqu'un disparaissait, on pouvait la pleurer, mais il fallait tout de même tourner la page. Aoki n'avait pas compris ce qu'était pleurer. Mais elle comprenait bien l'autre expression. Tourner la page, passer à autre chose, faire autre chose, ne pas se focaliser...
Elle voulait aller plus loin. Elle voulait trouver un endroit où rester, sans être pour autant sûre qu'il y en aurait un. Alors avec beaucoup de mal, elle s'est mise à traîner son "lit" jusqu'à la voiture de la mère de Yuu.
Puis de cette voiture à une autre. Puis à un camion.
C'est ainsi qu'elle voyagea.
Et puis un jour, elle sortit du camion de marchandises qu'elle venait d'emprunter, profitant de la pause du chauffeur. Elle décida de s'arrêter quelques jours ici. Elle entra dans la forêt qui se trouvait derrière l'aire de repos, avec son "lit" traînant derrière elle. A force marcher, elle trouva un imposant bâtiment. Elle s'y dirigea, pensant qu'elle y passerait la nuit, mais elle vit un promeneur le contourner. Elle attendit un peu et se rendit compte que personne ne voyait le bâtiment. Curieuse, elle s'avança vers le pensionnat.