En un beau jour d’automne, dans un paysage chatoyant parsemé de taches rouges et oranges, une petite pousse apparaît. Invisible aux yeux du vaste monde. Pourtant, ce futur petit arbrisseau n’était pas comme les autres, un avenir différent s’ouvrait à lui. A son pied se trouvait une flûte étrange qu’un enfant avait déposée avant de s’en retourner chez lui …
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Nous sommes le 5 août 1485, 11 ans sont passés et l’arbre a grandi dans une petite forêt d’Angleterre. Chaque jour depuis sa naissance, ce jeune platane voit passé un autre petit être. Cet enfant est légèrement plus grand qu’elle et est muni de petits sabots qui résonnent sur la terre sèche et écartelée de cet été. L’apparence du Satire n’est pas, loin de là, une chose étrange pour l’arbrisseau. Il désire même lui parler mais … toute communication est irréalisable. Malgré cela, l’enfant parle toute la journée à son nouvel ami, lui racontant des histoires et lui chantant de belles berceuses. Il ne passa pas un jour sans que les deux enfants de la nature, soient loin l’un de l’autre. L’arbrisseau comprenait le langage du croisé pour l’entendre quotidiennement. Celui-ci se nommait Jay, le diminutif de Jayson, il n’habitait pas très loin de la petite forêt, parmi les champs de vignes que cultivait son père. Parfois, les soirs frais, une petite ligne de fumée s’échappait d’une cheminée lointaine, inaccessible pour le platane, qui venait de la maison du petit Satire.
L’étrange flûte elle, était restée posée aux racines de l’arbrisseau et jamais n’avait été utilisée.
Un doux jour d’hiver de cette même année, alors que la neige commençait à tomber, caressant les feuilles de l’arbre ayant atteint une taille convenable. Celui-ci, ne voyant pas venir son ami, était très triste et inquiet. Se tortillant dans tous les sens et rêvant de pouvoir avancer comme un être normal à part entière, le platane réussi à bouger pour la première fois. Un petit centimètre et petit à petit, ses racines se décrochaient de la terre humide et gelée.
Ce fut le jour où, un petit platane, sorti de terre sous forme humaine.
La jeune petite fille naquit ce jour-là aussi.
Celle-ci essaya de se lever à la manière du Satire, sur ses deux jambes arrière comme tout bipèdes mais elle n’y arriva pas, ses nouvelles jambes chancelaient et elle n’arrivait pas à tenir debout. Après quelques efforts et essais répétitifs, elle réussi à faire quelques pas dans la couche de neige qui commençait à se former sur le sol de la forêt. Petit à petit, lentement, elle se dirigeait vers l’endroit d’où venait la fumée. Elle parvint devant la maison de Jay au bout d’une bonne heure de marche, les pieds ainsi que tout le corps glacé. Une fillette nue se présenta à la porte de la maisonnette. Ne sachant pas comment faire pour appeler son ami, elle voulu crier.
Mais aucun son ne sorti dut à son silence durant toutes ces années.
La jeune fille versa quelques larmes d’impuissance et s’appuya lourdement contre la porte de vieux chêne. Le bruit infime suffit à faire réagir les habitants de la maison. La porte s’ouvrit sur un homme barbu d’une quarantaine d’années. Surpris de voir la jeune-fille, il l’amena à l’intérieur, la recouvra d’une épaisse couverture de laine et raviva le feu. Elle se réchauffa auprès des douces flammes qui émanaient une chaleur toute fois puissante. Les yeux fixés sur le bal qui avait lieu dans la cheminée, elle laissa échapper un mot, un seul. Le prénom de son ami résonna dans la pièce et l’homme compris que la jeune fille connaissait son fils, Jay Helforn.
" Tu veux le voir ? "
Elle se retourna vers lui, les yeux miroitants d’impatience. Celui-ci se leva et se dirigea vers un coin de la maison. Elle le suivit.
Une autre porte s'ouvrit devant elle.
Son ami était allongé sur un lit, respirant fortement. Elle se précipita vers lui, inquiète.
" Ne t’inquiètes pas, c’est juste une petite grippe ! " Intervint le père de l’enfant pour la rassurer.
Celle-ci, ne connaissant pourtant pas le sens du mot grippe, resta auprès de Jay pendant tout le reste de la nuit.
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Cela faisait 1 an que la jeune fille était devenue humaine. Elle avait parfaitement acquit l’usage de ses jambes et ses cordes vocales fonctionnaient à merveilles. Il fallu tout de même un peu de patience pour qu’elle s’habitue à une vie … humaine. Ou à peu près, humaine. Entre temps, elle se forgea une identité (pas forcément légalement aux yeux de la justice humaine) et devint Sienna Reyd.
Jay et Sienna étaient deux amis inséparables et quand celle-ci commença à aller étudier, en ayant d’abord réussit à rattraper en grande partie le retard avec des cours particuliers, Jayson était encore une fois à ses côtés.
Malheureusement, le jour de ses 17 ans, l’inimaginable arriva.
Dans un essaim flamboyant, la jeune fille courrait. Les flammes consumaient tout sur leur passage et les larmes chaudes qui parcouraient les joues de Sienna n’étaient pas plus brulantes que les couleurs chatoyantes qui, elles, caressaient sa peau. Vous l’aurez peut-être compris mais ce fut un incendie, un véritable brasier qui réduisit en vulgaires cendres, tout ce qu’elle avait connu. Toutes pensées de revoir un jour Jayson avaient disparues de l’esprit du jeune arbrisseau.
Celle-ci s’enfuit loin de la chaleur en traversant la forêt. En chemin, elle trébucha contre quelque chose mais ce n’était pas une racine ou un simple caillou, le bruit creux la surprit et malgré les flammes encore proches, elle prit le temps de ramasser l’objet qui lui était très familier : la flûte. La flûte que Jay avait déposée à sa naissance, le seule souvenir qu’il lui resterait, était dorénavant entre ses mains. Sienna ne perdit pas plus de temps et arriva enfin dans un endroit où elle pouvait déjà apercevoir la ville la plus proche.
- En y repensant, le fait était très étrange … personne n’avait remarqué l’immense feu qui mangeait la petite colline … Il est bien vrai que les Satires étaient inconnus des humains mais tout de même ! De là à mettre un sort sur … une maison, et même une colline, aussi petite soit-elle ! -
Sienna n’avait pas cela en tête, elle s’assit sur l’herbe encore inerte qui jonchait le sol et pleurant toujours, contempla la fameuse flûte, une belle flûte de pan gravée de divers Satires et Dryades. La jeune fille porta celle-ci à ses lèvres, comme pour honorer la mémoire de Jayson et de son père. Elle souffla légèrement dedans, se laissa bercer par le son si doux de l’instrument et … se réveilla.
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La jeune fille se réveilla au beau milieu d’une petite forêt assez dense et qui ne ressemblait en rien à la prairie qu’elle venait de quitter. Se montrait un nouveau problème, Sienna ne savait pas combien de temps s’était écoulé ni où elle se trouvait. Juste devant elle, une grande bâtisse s’élançait vers le ciel. La jeune fille, perturbée par tous ces événements, s’élança vers le grand bâtiment, espérant de tout cœur pouvoir se renseigner … et trouver quelqu’un !