Gilles se réveilla affalé sur un banc du jardin. Pourquoi ? Il ne le savait plus vraiment. La veille, il s'était rendu promptement à la closerie et avait entreprit de repeindre les barrières de bois servants d'enclos au potager. Finalement, en se relevant, un regard furtif vers la clôture apprit au jardinier qu'il n'en avait rien fait.
Somme toute, le jeune homme se résigna à effectuer la tâche qu'il aurait dû accomplir. Demain peut être ...
Il raccommoda rapidement ses cheveux et ses vêtements, moyennant des gestes un peu maladroits.
Combien de temps avait t'il dormi ? Quelques heures certainement. Le borgne espérait simplement, qu'il n'avait passer une nuit entière dans ce taudis.
En vérité, ça n'aurait pas été la première fois.

Quittant le jardin, Gilles se dirigea rapidement vers le bâtiment qui se tenait devant lui, puis se rendit à l'étage où se trouvaient les dortoirs. La chambre numéro un était la première d'une longue série de loges consacrées aux enseignants ou aux simple employés de maison, comme lui. Certaines étaient déjà habitées ; mais la plus part restaient encore inoccupées.
Le jeune homme entra la clef dans la serrure et se rendit bien vite compte que la porte de la petite chambre était déjà ouverte. Il avait l'habitude d'y croiser Tyler, et il n'aurait pas été surpris si c'était lui. Il se demanda soudainement si ce n'était pas Maïwen, sa nouvelle colocataire depuis peu.
A cette pensée, il entreprit de faire connaître son arrivée au résident. Il toqua doucement contre la porte, puis attendit qu'on lui réponde.

- Je n'ai pas de montre mais il doit être vers six heures je pense... je croyais que tous les Humains avaient l'heure sur eux pourtant !

Visiblement, la jeune femme avait saisi sans grande difficulté la nature du rouquin. Et, il est vrai, que Gilles Natsu n'était pas dur à cerner. Et si elle pensait qu'avoir l'heure était un principe humain, en théorie ça l'était peut être, en pratique c'était tout autre chose. Seulement, devait elle, certainement oublier les valeurs humaines, puisqu'en ces lieux, rien, hormis quelques habitants, ne respirait l'humanité.
Ensuite, elle comprendrait bien vite que le jeune homme, qui partageait désormais sa chambre, entrait difficilement dans les normes.

- Hum, désolé si je m'exprime mal... ces dernières années j'ai passé plus de temps avec des plantes qu'avec des Humains !

Elle était toute excusée.
Plantes ? Avait il bien entendu ? Un rapide sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme. Une seconde à peine, et celui ci s'effaça tout aussi tôt. Essayant de dissimuler son contentement, le borgne se posa sur le lit qu'il occupait ; juste en face de Maïwen.

- Qui êtes vous exactement ? Et que faîtes vous ici ?

Quant à paraître importun, autant en profiter pour en connaître d'avantage sur la personne qui se tenait en face de lui. Et puis, n'avait il pas le droit de savoir à qui il avait à faire ? Après tout, Maïwen était sa colocataire dorénavant.

- Eh bien, je suis une Elfe. Je suis arrivée ici par hasard, mais je pense rester juste quelques temps.

C'était donc cela. Maïwen était une Elfe. Il fallait avouer qu'il était assez rare de croiser des pensionnaires de cette appartenance, contrairement aux démons ou vampires qui se multipliaient depuis quelques temps. A dire vrai, c'était la première fois qu'il en côtoyait, de toute son existence. Mais pourquoi voulait-elle limiter son séjour à Shinichi ? C'était là, une question qui lui brûlait les lèvres. Curieusement, cela le mettait mal à l'aise et il en fut attristé.
Il aurait voulut lui avouer que, le jeune homme lui aurait donné toutes les raisons du monde de rester, si elle le voulait. Surpris par ses propres pensées, il n'en fit rien.

- Avant cela, je vagabondais un peu partout à travers le Japon. Mais je crois que je ne trouverais jamais ce que je cherche !

Mais que recherchait-elle ? Le bonheur et la tranquillité suffisait largement au garçon. Au final, c'était tout ce que pouvait sollicité la vie humaine. Et cela, - lui - avait réussit à le trouver au sein de l'établissement. Depuis sa rencontre avec Saki Himaky, sa vie avait pris un tout autre tournant. Mérone et ses railleries n'étaient plus. Il avait rencontré la camaraderie et, maintenant, la chance lui souriait. Que pouvait-il espérer de plus ?
Il fallait cependant, que Gilles Natsu reconnaisse que certaine chose lui échapper.

- Et vous ? Qu'est-ce qui vous a amené ici ?

Cette fois-ci, le borgne abandonna des yeux la jeune femme et laissa son regard scruter le plafond, alors qu'il s'allongea sur sa couche ; les bras croisés derrière sa tête fauve. Un petit rictus se dessina surs ses lèvres.

- J'ai rencontré quelqu'un qui, en m'emmenant ici, à donner un sens à ma vie.

Il ferma les yeux. Lui, n'avait aucune raison de quitter cette établissement. Après avoir dédié toute son existence à sa maîtresse - une existence de fidélité et dévotion -, il espérait, même, rendre son dernier souffle entre les murs de Shinichi.
Avoir une vie longue, heureuse et utile, c'était tout ce qui l'importait. Il tourna son regard vers Maïwen.

- Que recherchez-vous ?