Retour dans la chambre [PV Gilles]

Spoiler:

L'Elfe sauta habilement sur la fenêtre. Sa petite promenade l'avait bien revigorée. Heureusement, elle ne s'était pas trompé de fenêtre et elle reconnut facilement la chambre. Cette très légère odeur si particulière de la pièce sentait clairement le mélange de celles de ses résidents. Elle sauta de nouveau et atterrit à côté de son lit. Elle déposa son sac qu'elle avait presque oublié. La jeune femme le portait tellement souvent qu'elle en oubliait la présence de l'objet.

En s'asseyant sur le lit, elle scruta grâce à ses pouvoirs magiques les environs. Ni Gilles ni Tyler se semblaient être dans le couloir là. Elle soupira sans vraiment de raison. Après tout, il faisait bon vivre dans ce pensionnat. Maïwen entrevit une pile de livres près d'un lit. Jugeant qu'il serait malpoli de toucher à quoi que ce soit, elle sortit au hasard un roman de son sac. Elle s'installa sur son oreiller et feuilleta tranquillement son livre en attendant la venue de quelqu'un.

Encore un livre de plantes... La jeune femme passait décidément sa vie à étudier la végétation. Cela ne l'ennuyait pas vraiment. Tous ces livres avaient appartenu à sa famille, c'est pourquoi elle prenait toujours plaisir à les lire. Tout était aussi écrit en elfique, cela lui rappelait ses racines maintenant lointaines. Peut-être qu'un jour, elle reviendrait dans sa forêt natale. Non, tout cela n'a aucun sens.

Elle reposa son livre et se prit la tête entre les mains. Ses souvenirs commencèrent subitement à l'envahir. ses ancêtres, autrefois bons et gentils, elle les voyait cruels et sanguinaires. Toutes leurs voix se mélangeaient, ils lui criaient vengeance. Les mains de la jeune femme se crispèrent, mais elle tint bon. Elle releva la tête, poings toujours serrés, les sourcils froncés. Pourquoi, pourquoi mes ancêtres s'obstinent-ils à me tourmenter ?

Gilles se réveilla affalé sur un banc du jardin. Pourquoi ? Il ne le savait plus vraiment. La veille, il s'était rendu promptement à la closerie et avait entreprit de repeindre les barrières de bois servants d'enclos au potager. Finalement, en se relevant, un regard furtif vers la clôture apprit au jardinier qu'il n'en avait rien fait.
Somme toute, le jeune homme se résigna à effectuer la tâche qu'il aurait dû accomplir. Demain peut être ...
Il raccommoda rapidement ses cheveux et ses vêtements, moyennant des gestes un peu maladroits.
Combien de temps avait t'il dormi ? Quelques heures certainement. Le borgne espérait simplement, qu'il n'avait passer une nuit entière dans ce taudis.
En vérité, ça n'aurait pas été la première fois.

Quittant le jardin, Gilles se dirigea rapidement vers le bâtiment qui se tenait devant lui, puis se rendit à l'étage où se trouvaient les dortoirs. La chambre numéro un était la première d'une longue série de loges consacrées aux enseignants ou aux simple employés de maison, comme lui. Certaines étaient déjà habitées ; mais la plus part restaient encore inoccupées.
Le jeune homme entra la clef dans la serrure et se rendit bien vite compte que la porte de la petite chambre était déjà ouverte. Il avait l'habitude d'y croiser Tyler, et il n'aurait pas été surpris si c'était lui. Il se demanda soudainement si ce n'était pas Maïwen, sa nouvelle colocataire depuis peu.
A cette pensée, il entreprit de faire connaître son arrivée au résident. Il toqua doucement contre la porte, puis attendit qu'on lui réponde.

Quelqu'un toqua doucement à la porte. Pas comme un bourrin pressé et de mauvaise humeur, c'était plutôt d'une façon polie. L'Elfe releva la tête, soudainement souriante. C'était seulement un masque, plutôt convaincant d'ailleurs. Mais rien que le fait de sentir quelqu'un assez proche d'elle lui permettait de se sentir mieux. Avec ses sens magiques, Maïwen détecta que l'individu n'était personne d'autre que Gilles, son nouveau colocataire. Leur dernière conversation revint en mémoire de la jeune femme.

Le jeune Homme s'était à peine présenté que Maïwen s'était endormie comme une masse. Pas très courtois comme comportement. Revenant à la réalité, elle se souvint que son colocataire attendait depuis quelques secondes sur le pallier. Il ne voulait sans doute pas entrer sans que l'Elfe lui fasse signe. Elle parla donc d'une fois un peu faible.

- Euh... Oui Gilles ? Enfin je veux dire, tu peux entrer !

Bien qu'elle trouvait cela un peu étrange d' "autoriser" quelqu'un à entrer, la jeune femme s'acclimatait peu à peu aux coutumes terriennes. Elle avait également tutoyé sans faire exprès son colocataire. C'était un vieux réflexe sans doute. Pendant que le borgne entrait dans la pièce, elle se tourna et déplia ses jambes par terre. Maïwen s'émerveilla devant l'étrange individu qu'elle n'avait pas eu encore de temps de détailler. Les pupilles de l'elfe s'attardèrent sur le bandeau de Gilles. Il semblait cacher une chose vraiment... étrange. Se rappelant que son regard insistant avait tantôt gêné la petite Lynn, elle s'empressa de détourner son regard vers le lit de sa nouvelle connaissance.

- Euh... Oui Gilles ? Enfin je veux dire, tu peux entrer !

C'était la voix de la jeune femme qui germait dans la pièce adjacente. Gilles entra rapidement et referma la porte derrière lui. Sa colocataire se tenait là, devant lui. Elle le dévisagea promptement. Le jeune homme esquivit un léger sourire, et murmura un bonjour désarticulé à l'adresse de Maïwen.

Il devrait assez rapidement se faire à l'idée qu'un nouvel oiseau nichait désormais dans sa chambre et ce pour un temps encore indéfini. Et le borgne pensa soudainement que pour un oiseau, elle était décidément un bien beau spécimen.
Maïwen détourna rapidement son regard du jeune homme. Gilles pût entrevoir une seconde fois les oreilles pointues et effilées entre les cheveux lilials de la demoiselle. Il ne savait toujours pas à qui il avait à faire... une elfe, peut-être.
A dire vrai, le jeune homme n'avait pas encore eut l'occasion d'en parler avec sa nouvelle colocataire, la dernière entevue ayant été pour le moins... diligente.

Sortant brusquement de ses pensées, Gilles se rappella soudain la raison de sa venue dans la loge. Le rouquin était complètement désorianté et, en raison de son insomnie dernière, ne savait pas à quel moment de la journée il se trouvait.
Il se dirigea maladroitement vers le lit qui lui appartené. Un coup d'oeil à son réveil lui appris qu'il était en panne.

- Pardon, est ce que vous auriez l'heure ?

Non, il n'arriverait décidément pas à la tutoyer.

L'Homme entra et dit un faible bonjour à l'intention de l'elfe. Il la regarda ensuite la jeune femme, où plutôt il la dévisageait. cela ne la dérangeait pas vraiment d'ailleurs, elle qui observait souvent les autres. Il sembla ensuite sortir de ses pensées et se dirigea vers le lit qui lui semblait attribué avec un peu de maladresse.

- Pardon, est ce que vous auriez l'heure ?

L'heure...? La dernière fois qu'elle avait vu l'heure était au réfectoire où il faisait 5 heures et demi. Le jeune homme en face de l'elfe semblait en effet un peu désorienté.

- Je n'ai pas de montre mais il doit être vers six heures je pense... je croyais que tous les Humains avaient l'heure sur eux pourtant !

Ce n'est qu'après avoir parlé que la jeune femme se rendit compte que parler ainsi pouvait être vexant. On aurait dur que dans cette phrase, elle considérait les Humais comme des spécimens à étudier. Il est vrai que Maïwen passait son temps a étudier tout ce qui vit, mais elle n'en était pas pour autant scientifique. Ou du moins elle ne se considérait pas comme tel. Elle s'empressa de rectifier ses dires.

- Hum, désolé si je m'exprime mal... ces dernières années j'ai passé plus de temps avec des plantes qu'avec des Humains !

D'ailleurs quand elle y repensait, si elle n'avait pas rencontré Tyler au parc, elle serait probablement encore en train de vagabonder à travers le Japon. Mais cette époque de solitude semblait bien révolue.

- Je n'ai pas de montre mais il doit être vers six heures je pense... je croyais que tous les Humains avaient l'heure sur eux pourtant !

Visiblement, la jeune femme avait saisi sans grande difficulté la nature du rouquin. Et, il est vrai, que Gilles Natsu n'était pas dur à cerner. Et si elle pensait qu'avoir l'heure était un principe humain, en théorie ça l'était peut être, en pratique c'était tout autre chose. Seulement, devait elle, certainement oublier les valeurs humaines, puisqu'en ces lieux, rien, hormis quelques habitants, ne respirait l'humanité.
Ensuite, elle comprendrait bien vite que le jeune homme, qui partageait désormais sa chambre, entrait difficilement dans les normes.

- Hum, désolé si je m'exprime mal... ces dernières années j'ai passé plus de temps avec des plantes qu'avec des Humains !

Elle était toute excusée.
Plantes ? Avait il bien entendu ? Un rapide sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme. Une seconde à peine, et celui ci s'effaça tout aussi tôt. Essayant de dissimuler son contentement, le borgne se posa sur le lit qu'il occupait ; juste en face de Maïwen.

- Qui êtes vous exactement ? Et que faîtes vous ici ?

Quant à paraître importun, autant en profiter pour en connaître d'avantage sur la personne qui se tenait en face de lui. Et puis, n'avait il pas le droit de savoir à qui il avait à faire ? Après tout, Maïwen était sa colocataire dorénavant.

- Qui êtes vous exactement ? Et que faîtes vous ici ?

Maïwen fit mine de réfléchir quelques secondes, puis elle répondit d'un ton normal quoiqu'un peu détaché à la question.

- Eh bien, je suis une Elfe. Je suis arrivée ici par hasard, mais je pense rester juste quelques temps.

Il est vrai qu'elle n'avait pas encore envisagé le fait qu'elle pouvait rester ici. Même si elle se sentait à sa place, comme acceptée, Maïwen n'avait pas l'impression que le pensionnat était fait pour elle. Peut-être y avait-il trop de monde, tout simplement.

- Avant cela, je vagabondais un peu partout à travers le Japon. Mais je crois que je ne trouverais jamais ce que je cherche !

Elle fit ensuite un petit sourire, avant de retourner la question à Gilles.

- Et vous ? Qu'est-ce qui vous a amené ici ?

- Eh bien, je suis une Elfe. Je suis arrivée ici par hasard, mais je pense rester juste quelques temps.

C'était donc cela. Maïwen était une Elfe. Il fallait avouer qu'il était assez rare de croiser des pensionnaires de cette appartenance, contrairement aux démons ou vampires qui se multipliaient depuis quelques temps. A dire vrai, c'était la première fois qu'il en côtoyait, de toute son existence. Mais pourquoi voulait-elle limiter son séjour à Shinichi ? C'était là, une question qui lui brûlait les lèvres. Curieusement, cela le mettait mal à l'aise et il en fut attristé.
Il aurait voulut lui avouer que, le jeune homme lui aurait donné toutes les raisons du monde de rester, si elle le voulait. Surpris par ses propres pensées, il n'en fit rien.

- Avant cela, je vagabondais un peu partout à travers le Japon. Mais je crois que je ne trouverais jamais ce que je cherche !

Mais que recherchait-elle ? Le bonheur et la tranquillité suffisait largement au garçon. Au final, c'était tout ce que pouvait sollicité la vie humaine. Et cela, - lui - avait réussit à le trouver au sein de l'établissement. Depuis sa rencontre avec Saki Himaky, sa vie avait pris un tout autre tournant. Mérone et ses railleries n'étaient plus. Il avait rencontré la camaraderie et, maintenant, la chance lui souriait. Que pouvait-il espérer de plus ?
Il fallait cependant, que Gilles Natsu reconnaisse que certaine chose lui échapper.

- Et vous ? Qu'est-ce qui vous a amené ici ?

Cette fois-ci, le borgne abandonna des yeux la jeune femme et laissa son regard scruter le plafond, alors qu'il s'allongea sur sa couche ; les bras croisés derrière sa tête fauve. Un petit rictus se dessina surs ses lèvres.

- J'ai rencontré quelqu'un qui, en m'emmenant ici, à donner un sens à ma vie.

Il ferma les yeux. Lui, n'avait aucune raison de quitter cette établissement. Après avoir dédié toute son existence à sa maîtresse - une existence de fidélité et dévotion -, il espérait, même, rendre son dernier souffle entre les murs de Shinichi.
Avoir une vie longue, heureuse et utile, c'était tout ce qui l'importait. Il tourna son regard vers Maïwen.

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